Concept

Cultura21 est une plateforme visant à promouvoir un changement culturel, perçu en tant que processus soutenable (donc durable) permettant une évolution culturelle des sociétés et des modes de vie contemporains. Le terme de ‘soutenabilité’ (préféré à ceux de durabilité ou de développement durable) permet d’exprimer le lien étroit entre les notions de justice sociale, de paix, de démocratie, d’auto-détermination, d’écologie et de qualité de vie. Afin d’atteindre ces objectifs, il est nécessaire de développer une stratégie volontairement ‘culturelle’ de la soutenabilité, basée sur l’idée que les média, les arts, l’éducation, la communication, divers modes d’organisation ainsi que les émotions humaines jouent un rôle décisif au sein de tout processus de changement social.

La plupart des indicateurs de la ‘crise globale’ qui marque le monde contemporain ne montrent aucun signe d’amélioration. Cet état de fait alarmant ne provient pas seulement du fait que ces problèmes ont des causes structurelles, mais aussi que les tentatives passées pour apporter des solutions à la crise ont échoué, en ne prenant en compte que le court-terme ou une partie seulement du problème.

Dépasser la crise globale

L’objet final du principe rendu populaire de développement durable était de dépasser la crise globale. Cette dernière était caractérisée par plusieurs dimensions – sociale, économique, environnementale – requérant une approche intégrée. Toutefois, les espoirs déçus de la conférence de Rio de 1992 sur l’Environnement et le Développement ont fait que le débat sur la question de la ‘soutenabilité’ a commencé à stagner :

  • L’idée d’une modernisation écologique, soutenue par les politiques nationales de développement ainsi que parmi les cercles d’intellectuels modernistes ou au sein des entreprises multinationales, a maintenu les nouvelles technologies au cœur de l’attention publique et des processus d’action et de décision. Ceci a permis le renforcement d’un langage à valeur bureaucratique, faisant l’apologie des notions de rationalité et d’efficacité.
  • La mentalité du business as usual, qui infiltre la plupart des politiques sociales, économiques et environnementales, a placé à la marge tout questionnement concernant le changement des modes de vie ou de l’ordre mondial en général.
  • Les mouvements en faveur d’une alternative radicale, tels que l’autosuffisance, la décroissance et les utopies écologistes se sont contenté de dénoncer la croissance économique, prouvant ainsi leur incapacité à peser efficacement dans le débat sur l’équilibre difficile entre les dimensions sociale, économique et environnementale du développement telle qu’il est pratiqué globalement.

Ces modèles alternatifs sont restés peu populaires et s’opposent de front aux intérêts dominants. Par ailleurs, leur affiliation aux discours révolutionnaires des siècles passés leur ôte tout crédit dans l’optique d’une époque devenue postmoderne. De nouveaux discours sur le monde global doivent émerger pour gagner en crédibilité.

La dimension culturelle de la soutenabilité

Afin d’atteindre cet objectif d’un dépassement de la crise globale, et rehausser le débat sur la soutenabilité, de nouvelles approches doivent être définies. Au cours des dernières années, la dimension culturelle du développement a été mise en valeur par un certain nombre d’acteurs engagés dans le débat autour de la question de la soutenabilité. La crise globale a des origines culturelles. Ainsi, des approches à caractère culturel sont requises pour trouver des solutions. Le chemin vers un développement soutenable des sociétés contemporaines est étroitement lié à une reconfiguration postcoloniale du modèle de civilisation occidental. Cette reconfiguration se doit tout d’abord de dépasser le ‘mécanicisme’ marquant notre vision matérialiste de la réalité. Elle se doit aussi de revoir l’omniprésence de l’économique au sein de notre conception de la notion de progrès. Enfin, il s’agit d’introduire d’autres dimensions que le matériel dans notre conception de la richesse et du bien-être, et d’en finir avec la fascination sans fin du contrôle de l’homme sur la nature. Par ailleurs, un autre objectif doit être de mettre de côté la fragmentation de la connaissance que la causalité linéaire (sur un plan épistémologique) et la différentiation sociale (sur un plan social) ont apporté à la connaissance et à l’expérience.

Encore plus que ses aspects idéologiques, le modèle actuel de la globalisation est influencé avec force par les média de masse en tant que système culturel. Il n’est tout simplement pas possible d’imaginer un marché et une culture globaux sans média de masse. De même, la grande idée d’un universel global est essentiellement constituée à travers les média de masse qui contribuent aussi à le contrôler. La mise en spectacle et le simulacre de l’expérience par les média structurent l’institutionnalisation de la culture de la globalisation.

Des cultures ouvertes d’apprentissage

Au contraire, une culture ouverte – ou plutôt des cultures ouvertes  – d’apprentissage au sein d’un système ouvert pourrait s’avérer soutenable. En effet, comme l’établissent les théories de la complexité, seule une auto-éco-organisation permet à un système vivant de se soutenir par lui-même. Mais la culture dominante reste fermée, tout en déclamant qu’elle a une capacité infinie à transformer la réalité (= l’environnement) à travers la puissance des technologies (y compris celle des média de masse).